mardi 12 mai 2015

Dixième et dernière méditation sur le Livre. 127 à 140

Le débat sur le livre (doit-il être de papier ou de lumière, messieurs-dames ?) est le reflet d'une interrogation sur l'idée de Progrès infini.

Assertion numero 1. Le livre de papier ne souffre pas la comparaison.

Le livre de papier a besoin d'entrepôts tandis que le livre numérique se contente de quelques puces.

Assertion numero 2. Le livre numérique, voilà l'avenir !


Le livre numérique peut être appelé livre de lumière : on dit bien allumer la lumière. Non ?

Un livre de lumière peut être aussi obscur ou même abscons qu'un livre de papier pourrait l'être. Un livre de lumière peut être très sombre.
Le livre de lumière est loin d’être éternel. Mais qu’est-ce qui fait l’éternité du livre ?

Dire livre de lumière ne signifie pas dire livre des Lumières.
Dire livre numérique ne signifie pas dire livre des Nombres.
Dire livre virtuel ne signifie pas dire livre des Vertus.
Dire livre de papier ne signifie pas dire livre éphémère.

Un livre de papier n'est pas un tigre.
On disait dévorer, feuilleter, parcourir, plagier, acheter un livre. On disait lire un livre, ce qui semblait être un pléonasme.

Pour finir, le livre est-il vraiment un caméléon qui s'adapte à tous les supports ?


Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.

mai 2015. ©


lundi 11 mai 2015

Neuvième méditation sur le Livre. 85 à 126

Le livre a quelque chose du bijou, sauf qu'il ne se porte ni en pendentif ni en sautoir.
Les livres bercent les insomnies, sauf qu'il leur arrive de les provoquer.
Le livre est parfois un pensum, sauf que justement dans ce cas, il ne suscite pas beaucoup la pensée.
Le livre aide à s'endormir, sauf que parfois rien n'y fait.
Les livres doivent d'une manière ou d'une autre être classés sauf que justement c'est la quadrature du cercle.
Pour retrouver un livre important, il vaut mieux qu'il reste à sa place, sauf que ces livres sont faits pour être sans cesse déplacés.
Des livres sont censés apporter aux humains des paroles inspirées sauf qu'on tue, on a tué et on tuera encore en leur nom.
On peut s'enfermer dans les livres, sauf que les livres sont la porte du passé, du présent et même parfois de l'avenir.
Les technologies numériques favorisent la diffusion des livres de papier sauf qu'elles aident à ne plus lire un livre de bout en bout.

Question numéro 1: est-il nécessaire de défendre le livre numérique ? Et contre qui ? Contre quoi ? Alors que tout y concoure.
Question numéro 2 : le livre numérique peut-il se transformer subitement en l'absence du logiciel adéquat en signes numériques justement ?
Question numéro 3 : faut-il avoir peur de la disparition instantanée de milliers de livres de lumière entreposés dans une liseuse ?
Question numéro 4 : avons-nous bien raison de faire dépendre le livre d'une source d'énergie aussi fragile que le courant électrique ?


Quel est le comble du livre ? C'est d'être mis en ligne !



Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.

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dimanche 10 mai 2015

Huitième méditation sur le Livre. 85 à 112

Question numéro 1. Une vidéo n'est pas totalement un film, un écrit numérique est-il totalement un livre ?
Question numero 2. Le tapuscrit d'un livre est-il aussi riche qu'un manuscrit ?
Question numero 3. Un book est-il un livre ?

Qu'est ce qu'un bon livre ?

Le titre du livre est plus important pour le livre que le nom de son auteur.
Il y a des œuvres d'art sans titre, mais pourrait-il y avoir des livres 
sans titre ?

A la rigueur, un auteur pourrait donner à son livre le titre "Sans titre", mais ensuite le titre serait pris. Voilà la vérité.

Pour le livre, le titre est comme un nom donné sur les fonds baptismaux. D'ailleurs, les éditeurs aiment à titrer eux-mêmes "leurs" livres.
Le titre d'un livre insiste et se répète sur la couverture, le dos, à la quatrième de couverture, à la page de faux-titre et au frontispice.

Certains livres se vendent pour leur contenu et d'autres pour le nom de leur auteur, certains seulement se vendent pour leur titre.
Et le livre se vend, s'achète mais se consulte aussi dans des bibliothèques qu'elles soient de murs et de papier ou de lumières et d'octets.

Le nom de l'imprimeur, qui a son importance, est caché au bas d'une des dernières pages du livre et assorti de dates et de quelques numéros.

Il y a bien sûr des livres anonymes, in extenso, dont l'auteur est inconnu.


Qu’est-ce qu’un mauvais livre ?




Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.

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mercredi 6 mai 2015

Septième méditation sur le Livre. 85 à 98

Le livre est-il un assemblage de feuilles en nombre plus ou moins élevé, portant des signes destinés à être lus ?
Le livre est-il un ouvrage écrit (le plus souvent d'un seul côté) sur un support varié et se présentant sous forme de rouleau ?

Ici, sur le Fil, écrivons-nous sur des supports variés se présentant sous forme de pages et fonctionnant comme des rouleaux ?
Ici, sur le Fil, nous ne pouvons pas écrire vraiment des deux côtés d'une page mais seulement faire semblant.

Alors ? Singer le livre ?

Ici, sur le Fil, faudrait-il définir le livre comme contenant au plus un nombre défini - mais par qui - de pages, de caractères ou de mots ?

Ici, sur le Fil, faut-il définir le livre comme capable de se mettre à lui-même un point final ?
Ici, sur le Fil, doit on ressusciter la limite illusoire du nombre ou écrire à l’infini malgré la finitude.

Le livre peut être mis au pilon, à l'index, brûlé en autodafé, interdit, censuré, relégué, enseveli, dispersé ou dévoré par les rats.
Le livre peut être conservé, entreposé, classé, répertorié, inventorié, préservé de l'eau, du feu et des insectes, étudié, recopié, réédité.

Les livres en lettres de lumière peuvent être publiés et détruits en un seul clic. C'est rapide. Mais, ils ont pu être dupliqués aussi vite.

Les livres en lettres de lumière s'apparentent à des virus d'ordinateur, ils se répandent, si l'on veut, en un clin d'oeil.

Les livres en lettres de lumière sont écrits comme sur un immense photocopieur, ils rêvent infiniment d'être infiniment photocopiés.

Les livres en lettres de lumière et octets attendent les imprimeurs de lumière et octets qui leur donnera leurs lettres de noblesse.



Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.

mai 2015. ©

samedi 2 mai 2015

Sixième méditation sur le Livre. 70 à 84

Un livre peut être une bible, un pensum, une somme, un traité, un dictionnaire, un atlas, un manuel, un volume, un bouquin, un tome ou deux.

Question numéro 1. Le livre pouvait être comme le poème un tombeau, le numérique serait-il le tombeau du livre ?
Question numéro 2. Le livre de papier sera-t-il considéré comme le vénérable ancêtre du multimédia auquel on aurait donné le nom de livre ?

Le mot livre et sa notion sont le lieu de combats, tensions et contradictions.

Assertion numéro 1. Le livre de papier n'est qu'une des formes possibles de l'écriture littéraire.
Assertion numéro 2. En dehors du livre, il n'y a pas de littérature possible.
Assertion numéro 3. Le livre a donné un support et une forme à la littérature, maintenant qu'il décline, nous le comprenons très clairement.
Assertion numéro 4. Le livre n'est pas le seul territoire de la littérature et ce n'est pas nouveau : les feuilletonnistes l'ont déjà montré.

Le journal a-t-il tué le livre ou en a-t-il inspiré la forme ?


Sur le Fil, il est possible d'écrire un livre à condition que chaque phrase puisse être comprise en elle-même et former un tout audible.
Sur le Fil, les phrases du livre devraient être lues de bas en haut et non de haut en bas, ce qui est contraire à toutes nos habitudes.
Sur le Fil, il faudrait donc écrire un livre palindrome, ce qui n'est pas une mince affaire.

Le livre blanc et le livre de bord, ainsi que le livre d'or et le livre de comptes ne sont pas des livres.


En 1964, l'UNESCO a recommandé de n'employer le terme livre que pour des ouvrages comportant au moins 49 pages, couverture non comprise.

Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.

mai 2015. ©





vendredi 1 mai 2015

Cinquième méditation sur le LIVRE. 57 à 70

Au contraire des livres de papier, les livres de lumière sont l'évanescence même.

Le livre se feuillette, se lit dans le désordre, en commençant par la fin, ou de bout en bout et d'une traite.
Les livres s'empilent et attendent d'être lus.
Les livres sont traduits.
Les livres peuvent être bilingues, mais le psalterium quincuplex disait les psaumes en cinq langues avec annotation en hébreu des noms de D.
Les livres sont notre mémoire, et toute mémoire n'est pas bonne à lire.

Le livre se livre, le livre délivre.
Le livre dit, le livre prédit, le livre redit.

Il y a le livre de chevet, le livre d'image, le livre de classe, le livre de poche, le livre de prières, le livre relié, le livre à spirale.

Le livre numérique est-il vraiment dématérialisé ou est-il une image de livre qui nécessite un arsenal d'appareillages inouïs pour être lue.

Affirmation numéro 1 : le livre sur papier est irremplaçable.
Affirmation numéro 2 : le livre sur papier est amené à disparaître inéluctablement.
Affirmation numéro 3 : il ne peut y avoir de livre numérique, l'écrit avec l'outil numérique est fatalement autre chose qu'un livre.

Affirmation numéro 4 : l'existence du numérique et la persistance de la forme papier du livre produisent doucement une hybridation du livre.

Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.
mai 2015. ©

jeudi 30 avril 2015

Quatrième méditation sur le LIVRE. 43 à 56

Le livre, cet objet sacré. Mais qu'est-ce que le sacré aujourd'hui ?
Le livre, cet objet démocratisé. Mais qu'est-ce que la démocratie aujourd'hui ?

Le livre a un format, un tirage, une date, un auteur, un éditeur, des lecteurs. Mais qu'est-ce qu'un lecteur aujourd'hui ?
Le livre a une couverture, une tranche, un dos, une quatrième, un titre, un auteur et un éditeur. Mais qu'est-ce qu'un éditeur aujourd'hui ?

Est-il judicieux ou tout simplement iconoclaste de réfléchir au livre sur un media de la Toile destiné à diffuser des informations brèves ?

Information brève numéro 1 : le livre est mort.
Information brève numéro 2 : le livre est toujours vivant.

Variante de l'information brève numéro 1 : la Toile a tué le livre.
Variante de l'information brève numéro 2 : la Toile redonne vie au livre et le transforme. 

Grace à la Toile, le livre vit une vie nouvelle.

Le livre s'écrit matériellement lettre par lettre mais mentalement phrase à phrase.

Une coupure de courant générale engloutirait en un instant tous nos livres de lumière comme ferait l'incendie en une bibliothèque de papier.
La perspective d'une coupure de courant générale nous contraint à imprimer, sur papier, quelques livres de lumière en guise de momification.

Les livres seraient les pyramides de notre temps, tombeaux et conservatoires de nos écrits les plus beaux.

Car les livres nous survivent presque autant que les pierres.



Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.
avril 2015. © 


mercredi 29 avril 2015

Troisième méditation sur le LIVRE. 29 à 42

La bibliothèque obéit aux Arts de la Mémoire qui lient spatialisation et mémorisation.

Le livre aussi est un espace, plus exactement un volume. Il a une épaisseur, une longueur et une largeur : le livre est un espace euclidien.
Le livre est un espace euclidien, mais pas seulement, le livre est aussi un espace mental.
Avec le livre, l'espace euclidien s'inscrit dans l'espace mental, ce qui permet de situer précisément tel ou tel élément du livre.
Mais l'espace mental du livre déborde l'espace euclidien. L'espace mental du livre communique avec l'entièreté du monde perçu.

Le tweet est-il brouillon du livre, système de contrainte, mise à l'épreuve de la phrase, ou bien assurance de la régularité de l'écriture ?

Comment transposer le livre à l'écran ?
Comment transposer les lettres de lumières en lettres d'encre ? les pages de lumière en pages d'encre ?

Se demander enfin tout ce que l'écran doit au livre.

Mais qui se soucie encore de la question du livre ?

L'écriture est sortie des pages du livre. Voilà la vérité. L'écriture erre, comme la parole, déboussolée.

L'écriture est-elle une silencieuse parole à laquelle un lecteur donne une voix ?

Le livre est-il le lieu des bruissements du sens ?

Le livre est-il le lieu du bruissement des mots ?


Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.
avril 2015. © 

mardi 28 avril 2015

Deuxième méditation sur le LIVRE. 15 à 28

Le livre met le monde à l'échelle humaine.

Faut-il trouver un nouveau mot pour designer ces livres qui s'écrivent et immédiatement se lisent en déroulant le fil des Timelines ?

L'illustration du livre par des images a-t-elle commencé par un travail autour de la lettre ? Et par enluminures, fleurons et culs de lampe.
Dans le livre, l'image n'est pas toujours simple illustration, alors elle ne vient pas redoubler le sens porté par lettres, mots et phrases.
Dans le livre, et quel que soit son support, papier, papyrus ou écran, les modalités de dialogue entre images et lettres sont innombrables.

Le livre est-il en passe de devenir un volume virtuel, un volume à imaginer dont les pages au lieu de se tourner, se déroulent et défilent ?

Le livre tient dans la main.

Le livre est-il devenu une vieille baderne ?
Parler du livre est-il complètement démodé ?

Écrire sur le Fil et rêver du Livre.

L'amour du livre survit dans les maisons éditions où on découpe et colle à la main quand aucune machine n'aurait permis de réaliser l'effet.

La ligne éditoriale est la trace subtile du désir de l'éditeur et pas un créneau entendu comme niche commerciale.


Mais l'idée du Livre s'est transposée aux écrans.

Peut-on se passer de la représentation mentale du contenu d'un livre ?




Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.
avril 2015. © (?)

lundi 27 avril 2015

Première méditation sur le LIVRE - 1 à 14


Le livre commence avec le rêve du livre.

Plus qu'un support, le livre est une forme, avec un début et une fin. Ainsi se pose la question de commencer à écrire un livre. Et le finir.
Ainsi, le livre avec son commencement (bereshit) et sa fin (end) est métaphore du temps de nos vies, espace entre nos naissances et la mort.
Le livre demande du temps.
Penser le livre comme miroir du monde, c'est tenter de hisser nos vies aux dimensions du ciel.

Il y a le livre comme objet de papier et encre, carton, colle, ficelles ; il y a l'idée du livre avec ses lettres de lumières et ses écrans.
Extraire du livre l'idée du livre et transposer sa structure (une autre) aux écrans de lumière.

Le livre était-il le livre lorsqu'il s'écrivait aux surfaces des pierres ?
L'épopée de Gilgamesh est un livre de pierre.

Le livre reste un livre en changeant de support, c'est ce qui le fait livre.
Dans les débuts de la presse à grand tirage, des livres ont été écrits sous forme de feuilletons.
Le mot feuilleton désignait la partie basse du journal ou rez de chaussée. On occupe d'abord le "feuilleton" ou "rez-de-chaussée" du journal avec des critiques dramatiques.
Dumas, Balzac, Eugène Sue, Zola, Ponson du Terrail écrivent au rez-de-chaussée ou feuilleton des journaux des livres, romans fleuves, sagas.

Le livre découpe l'espace et le temps.


 Lirina Bloom


Mars 2015. ©