samedi 17 mars 2012

Tempo


Jour et heure destinée
Nuit et repos obstinés
Doux sommeil flambeaux
Et cent fois je mourus

LB

samedi 10 mars 2012

Hommage


Blanc incendie
Que tournait
Le moulin au cœur
De l'enfant

Le toit des maisons
Avait scellé
L'insouciance
Et la douleur
Chantait plus fort

Le soleil
Aux aguets 
Enchâssait
La Sorgue

Les heures supportaient
Le sage coq de fer

Quelle roue
Tournait plus vite
Que le cadran ?




LB

mercredi 7 mars 2012

PETIT RITUEL DES MOTS


Petit Rituel
incantatoire des mots



Dans riTUEls, il y a rite mais aussi meurtre. Dans meurtre, il y a tuer, mais aussi meurtrière. Dans meurtrière, on lit fenêtre qui permet de tuer sans être tué, mais aussi, femme qui assassine. Dans assassin, on lit ressasser mais aussi fumeur de hachish, autrement appelé herbe. Dans herbe, il y a l'air qu'on respire et donc les prairies où on peut respirer aussi. Dans respirer, on sait que le pire est à venir, car un jour, c'est sûr, on va cesser. Dans cesser, il reste quelque chose de l'assassin mais arrêté. Dans arrêt, il y a art et aussi filet ou trame. Dans filet, il y a qu'on peut s'y faire prendre et dans trame, il y a les complots.

Laissons.

Dans laisse, il y a l'abandon mais aussi l'esclavage. C'est comme dans rituel, il y a la victoire contre les peurs, et donc la liberté, mais il y a aussi la plus petite prison du monde, celle réduite à la plus simple expression de nous mêmes. Dans même, il y a aimer mais aussi l'identique toujours répété, égal à lui-même. Dans même, il y a rituel.

On ne va pas recommencer.

Dans recommencer, il y a comme et aussi le début toujours le même, mais mieux. Dans mieux, il y a deux voyelles et un x pour ne dire que e, c'est trop. Dans trop,  on voit port, ces villes où on attend les pêcheurs disparus en mer.

En l'absence du corps du défunt, le rituel est le suivant : on pose sur le sable une croix de cire ou de fer qu'on portera au tombeau en lieu et place du mort.

Dans mort, il y a or, mais passons.

Dans passer, il y a passage, mais aussi passe : cela signifie acte en passant, je ne fais que passer. L'acte comme un rituel profane. Dans profane, il y a des lieux ou des corps profanés. Dans profané, il y a fleur quand elle est fanée. Il y a aussi pro, mais est-ce un métier ? Dans métier, il y a mets et tout ce qu'on prépare pour manger. Dans manger, il y a ange mais aussi dévorer. Dans dévorer, il y a des ogres dont c'est le dur métier.

Nous n'allons pas bégayer.

Dans bégayer, il y a comme une danse rituelle des syllabes au sortir des bouches mais il y a aussi de la gaieté. Dans gaieté, il y a du rire. Et dans rire, on entend comme un roulement aigu. Dans aigu, on pressent aiguille ou alors aiguière. De l'aiguière d'or, déjà le dit Homère : "l’eau coule dans un bassin d’argent où ils lavent leurs mains".

Rituel le plus ancien et le plus simple du monde : ils lavent leurs mains.

Dans main, on entend déjà demain et son incertitude dont les rituels nous protégeraient Dans protéger, il y a la mer Egée où le père se jeta quand il crut que son fils n'arriverait pas. Dans pas, il y a (encore) danse, il y a notre vie pas à pas et les marches qu'on fait pour tracer nos chemins. Dans chemins, il y a encore mains, ces vies entre nos mains qui cheminent et font mine de rire ou de dire.

Un rituel en réalité, c'est un mot en acte, au plus une phrase toute simple. Sois pur, ne meurs pas, rejoins nous, reviens, aime moi encore, éloigne de nous la peur et la mort, sois digne de ton trépas.

Dans trépas, il y a pas et notre vie pas à pas.

Dans RITuel, on l'y voit et pourtant on ne rit pas.


le 1er Janvier 2012 Lirina Bloom