mardi 28 février 2012

Twittérature : Oeuvre ouverte ?


Cette théorie du Lecteur, même si, en sa concrétude virtuelle, qui déterminerait l'Ecrivain vivant de la Twittérature est totalement inepte.

L'Oeuvre de Twittérature est, par son principe, ouverte à tous les vents, c'est sa richesse et son problème le plus aigu et le plus grave.

Il faut vraiment avoir ignoré toutes les recherches sur la question du Lecteur dans la Littérature, pour avoir pu écrire ce tissu d'âneries.

La Twittérature est Œuvre ouverte par excellence, l'extrême de l'ouverture pour l'Œuvre, sa pointe acérée, l'avant garde des arrière gardes.

La Twittérature s'inscrit dans un courant qui a débuté quand Celui qui a tout annoncé a écrit son Œuvre dans l'imaginaire de chaque Lecteur.

J’ai nommé Stéphane Mallarmé.

Il faut envisager "Lector in fabula" pour s'approcher des problèmes du Twittérateur inexpérimenté, et la jeunesse du médium y réduit chacun.

La poétique de l'œuvre ouverte, ce qu'est, nous l'avons vu, la Twittérature, va favoriser, chez le Lecteur, des actes de liberté consciente.

Le Lecteur devient le centre actif d'un réseau infini et élabore sa propre forme qui est par la nature même du support toujours évanescente.

Mallarmé prévoyait d'utiliser la magie de la combinatoire pour créer une œuvre ouverte, et la Time Line est lieu de cette combinatoire même.

Le Twittérateur au contraire, dans cet univers ouvert, voué aux interactions, aux combinaisons infinies tendrait à pratiquer des fermetures.

Limites, clôtures, frontières, bornes, grilles, barbelés, murs, murets et murailles sont dressés pour préserver l'ordonnancement de l'œuvre.

Pour éviter le vertige de l'infini des possibles, il faut bien un peu couper le vaste.

Car, je vous le demande, peut-il exister une œuvre sans ordonnancement, sans présupposé d'une structure - même si réduite au strict minimum.

Les Twittérateurs aspirent alors à plus ou moins de clôture, à des frontières, à une peau, surface d'échange, à un abri, pré carré, demeure.

Le Twittérateur doit trouver les moyens de guider tous ses Lecteurs possibles dans les possibilités infinies de l'interprétation de l'Œuvre.

Le Twittérateur balise l'espace infiniment ouvert de la Twittérature, et naturellement, il volera au Livre de Papier ses limites naturelles.

Le Tweet semblera une petite prison des mots, contrainte étroite et sévère, nombre de caractères arrêté à 140, mais l'enjambement le libère.

Le fil de l'un peut être interrompu par le fil de l'autre, mais en l'autre lieu appelé Compte, le fil de l'Auteur peut courir sans obstacle.

La lecture de bas en haut de l'Œuvre est lecture de haut en bas pour chacun des minuscules éléments qui est phrase comptée à la lettre près.

L'Auteur peut inverser le fil et écrire en faisant de la dernière phrase d'un texte préparé hors fil, la première envoyée au fil du Lecteur.

La numérotation précédant l'élément avale deux caractères. Elle est un artifice indiquant au Lecteur la marche à suivre voulue par l'Auteur.

La liste et ses vertiges supposent des éléments à sérier par un de leurs points, forme, thème ou style, nombre de caractères exacts comptés.

Le thème unique courant de tweet en tweet est l'autre borne possible : marches ou pays frontalier du roman ou de l'essai du Livre de papier.

Etc.

Ainsi, classifier les Œuvres de Twittérature serait les repérer aux différentes clôtures imposées par l'Auteur pour permettre sa lisibilité.



Lirina Bloom pour le Mois de la Twittérature 2012

fil rédigé en 140 caractères pile poil en hommage aux Twittérateurs fondateurs de la Twittérature qui se reconnaitront.

dimanche 26 février 2012

Pour le Mois de la Twttrtr ou La haine du tweet (2)

Il met un tweet à toutes les sauces.
Il s'est mis le tweet au court bouillon.
Le tweet supporte-il la métaphore culinaire ?
L'arrière cuisine du tweet a besoin d'aménagements.

Tweet ce mot sans envergure, sans harmonie, sans relief, sans poésie, sans écho, sans charme, aboli, aussi, hasard, sans lieu où avoir lieu.

Je vais chanter la haine du tweet.
Je vais cracher dans la soupe du tweet.
Je vais vomir le tweet.
Je vais vendre ou pire jeter ma collection de tweets.
J'ai une overdose de tweets.
Je vais couper le fil des tweets.
Je vais abandonner les tweets à leur triste sort.
Je ne compte plus sur le tweet pour vivre.
Le tweet n'est rien.
Je scie la branche sur laquelle le tweet est assis.
La fin du tweet n'est pas la fin du monde.
Un tweet a la vie courte.
Une rafale de tweets ne présente aucun danger.

Je le redis, tweeter n'est pas schtroumpfer.

Le tweet n'est qu'un TOC.
Le tweet est un tic.

La brièveté du tweet ne permet pas le développement harmonieux d'une pensée nuancée et complexe.
Si la valeur d'un tweet est minuscule, la valeur de plusieurs tweets n'est pas majuscule

Est-il bien sérieux d'écrire un tweet pour dénigrer le tweet ?

Un tweet est simplement composé de mots capables de s'échapper dans l'instant suivant immédiatement leur écriture.
Rêver en 140 signes, passe encore, mais penser en 140 signes, avouez que c'est peu.
Que dire, alors de penser en moins de 140 signes ?
La largeur de vue a-t-elle à voir avec le nombre de signes ?
Peut-on vraiment avoir une pensée concise et ample ?
Un tweet ne laisse pas le temps de la réflexion.
Un échange de tweets est-il vraiment un échange ?

Tout tweet lance un coup de dés au ciel de la Toile.

Le lecteur de tweet survole et passe.

Le tweet, allégorique de lui-même, file sur le fil en gazouillant.


LB Février 2012

Pour le Mois de la Twttrtr : au Lecteur (1)


Ce qui fait la Twittérature, c'est son Lecteur.

Avant l'écriture, le Lecteur est là qui attend, qui suit le fil, qui parcourt la Time Line, qui va à la pêche des mots d'un autre au hasard.

Le Lecteur est un parmi tous ceux du monde, disposant d'un lien avec tous les autres du monde.

Ce n'est pas l'écrivain qui suppose le lecteur, ce sont les lecteurs qui, suivant le fil de par le monde, supposent l'écrivain tout vivant.

Le Lecteur de la Twittérature a ceci de particulier que d'une manière ou d'une autre, il interfère avec l'Ecrivant.

Le Lecteur interférant peut faire de l'Ecrivant, l'Ecrivain ou rien.

Le Lecteur est vraiment là, même si muet.

Le Lecteur peut être un ou plusieurs possibles dans le foisonnement des lecteurs possibles du monde.

Par exemple, cette série est écrite, et en mouvement de lecture à l'occasion du Mois de la Twittérature. Ses destinataires se reconnaissent.


Le Lecteur en Direct vient nourrir l’œuvre en gestation, la met en prise sur la réalité du monde, la réalité de tous les points de vue du monde.

Le Lecteur est Lecteur de parcelles de l’œuvre.

Le Lecteur en Direct fait de l’œuvre un puzzle en construction.

Le Lecteur en Direct crée dans l’œuvre un morcellement possible, taille l’œuvre en pièces.

Le Lecteur reçoit des bribes éparses de l’œuvre et l'Ecrivain indiquera un chemin pour assembler le puzzle en un Tout qui sera l’œuvre même.

Entre l’Ecrivain et le Lecteur, il y a la présence du monde, le monde tel que présent.

La Twittérature en tant que structurée comme un feuilleton suppose l’attention soutenue du Lecteur et son attente d’épisodes à venir.


La Twittérature comme le feuilleton suppose l’attention soutenue du Lecteur et son attente d’épisodes à venir.

La Twittérature suppose un Lecteur impatient.

La Twittérature suppose un Lecteur désirant.

La Twittérature suppose un Lecteur encourageant.

La Twittérature suppose un Lecteur possible présent à tout moment.


Pour que la Twittérature soit, le Lecteur doit supposer chez l’Ecrivant le désir de l’œuvre.



Pour que la Twittérature soit, l'Ecrivant doit supposer du Lecteur l'attente de l’œuvre.

Le Lecteur devine au fur et à mesure de l’écriture quel est le projet de l’Ecrivant. Quel est son désir d’œuvre ?

La Twittérature suppose une connaissance progressive par le Lecteur du projet de l’Ecrivant.

Le projet d'oeuvre reconnu comme tel, il reste au Lecteur à faire de l’Ecrivant son Ecrivain.

Le processus transformant l’Ecrivant en Ecrivain pour le Lecteur, est mystérieux.

Aussi mystérieux est le processus qui préside au choix, que le lecteur a fait, de devenir Lecteur de cet écrivain là, plutôt que d’un autre.


Question : le nombre de Lecteurs déclarés est-il un critère de qualité de l’Ecrivain ?

Question pire : être lu signifie-t-il qu'on est Ecrivain ?


Question pire encore : si le Lecteur ne fait jamais l'Ecrivain, mais que le Lecteur est l'agent essentiel de la Twittérature, que dire ?


LB

jeudi 16 février 2012

FINALEMENT L'AMOUR


l'amour c'est des mots

l'amour c'est la mort à deux lettres près ou l'inverse

l'amour est séparé des mots par la mort ou l'inverse

l’amour, on y renonce, on laisse

on a fini par comprendre
le piège que c’était
l’inévitable piège
le lieu de l’espérance
le lieu des folies mêlées
entrelacées
amplifiées

nourries l’une de l’autre

finalement
on est lié par la haine
fille de l’amour
on se délie

ou on meurt
l’un ayant tué l’autre

inévitablement

vampires
sangsues
on en sort exsangue

pâles
épouvantés
d’avoir connu
les pires paysages

sachant enfin
la vérité

l’amour qui lie les êtres 
est fait de leurs
plus anciens malheurs.


LB

vendredi 10 février 2012

FINALEMENT LES MOTS


Il reste si peu à vivre
et je n'ai presque rien dit

car seuls les mots subsistent.


Les mots survivent, surviennent, surprennent,
persévèrent au delà de nos vies.

Les mots sont ce qui reste de nous
ou seulement un nom pour quelques temps

encore.

Les mots des morts tournent en rond dans les têtes des vivants

les vivants les chassent ou les laissent les envahir

les mots des morts sont froids, figés dans un miroir de givre

pétrifiés dans les terres maudites

les mots des morts sont suspendus au dessus de nos ciels

Ainsi seront mes mots

mot c'est mort à une lettre près ou l'inverse

le mot est un petit tombeau
à ciel ouvert

en extraire le minerai
le façonner
le brûler

le tailler comme un gemme
parler
écrire
mentir
maudire

le mot est une prison des souvenirs


LB

mardi 7 février 2012

FINALEMENT LE PARTAGE



Nous partagerons alors un destin funeste

La partage est tout
Nous partageons l'air
L'eau
La terre
Les biens et nos maux

Nos mauvaises pensées
Nos maudites idées

Notre bonheur maussade

Nous avons la vie en partage
Et nos morts aussi

Nous partageons la solitude des chagrins
L'isolement des douleurs
Nous habitons nos îles dépeuplées

Nous ne chantons plus
Nous rêvons d'apocalypse

Nous imaginons les catastrophes et les désastres

Les ras de marée et les explosions atomiques
La fonte des glaciers
Et l'immersion de continents entiers
Les réactions en chaine
De cataclysmes inédits

Nous partageons nos peurs
Sans même plus les dire

Nous les taisons

Ainsi nous pouvons continuer
Sans rien changer
Tout comme avant

A courir vers les gouffres
Vers les lendemains pire que nos pires veilles

Nous le savons
Nous savons que savoir ne prémunit de rien

Nous habitons des contrées éclairées
De lumières aveuglantes

Nous avançons encore les yeux fermés
Ou à peine entrouverts
Nos mains vides
Battant l'air

Espérant parvenir à voler

Mais pas d'envol
Nous ne prenons aucune hauteur

Nous nous trompons
Nous nous mentons

Nous ne voulons voir ni au ras du sol
Ni du haut des collines

Nous nageons dans des richesses

Nous y plongeons
Nous imaginons qu'elles nous appartiennent
Et pour toujours


LB



lundi 6 février 2012

FINALEMENT LA TERRE



Nous sommes attérés,
A terre
Nous rampons

Arrivés là, nous le voyons, nous tuons la terre.
Le Lombricina est un ver de terre
Sa densité au mêtre carré diminue, on nous le dit,
Les vers de terre, 
Ce sont eux qui renouvellent la terre et l’aèrent.

Nous les tuons. On nous le dit.

Nous tuons les vers de terre.

Nous sommes perdus. On nous l’a dit.

On nous l’aura bien dit.

Nous faisons la sourde oreille, nous continuons comme si de rien n’était.
Nous sommes si occupés, si décidés à aller de l’avant, à progresser.

Nous avons un but à atteindre, nous suivons pour cela la ligne tracée, nous ne pouvons en dévier, nous ne pouvons nous arrêter pour regarder le reste du chemin.

Nos rêves nous habitent, nous dominent et nos rêves sont petits.
Serions nous aussi minuscules ?


Presque invisibles dans l’immensité de l’espace et nous voulons être vus.

Seul à être vu, être le seul à être vu.

La lumière d’un projecteur imaginaire nous aveugle et nous avançons les yeux fermés.

Sinon tout serait clair et nous saurions ce qu’il nous reste à faire.

Sauver la terre.
Sauver la terre de nous.


Ah, ces privilèges que nous vivons comme un droit, comme un dû d’évidence.
Que nous pensons avoir gagnés et honnêtement
Qui sont à nous
Qui nous sont dus
Qu’il faut défendre

Nous haïssons le partage


LB

dimanche 5 février 2012

FINALEMENT



Finalement, on supporte le malheur, on le mouline, on l’assaisonne, on en fait quelque chose de comestible, sinon de digestible.

Finalement on prend de l’estomac, c’est mieux que de mourir de faim
On prend du ventre

Et un regard qui zyeute de travers
La vie

Un peu de sel
De poivre

On en rajoute pour supporter le goût amer des amours

Le piment masquerait mieux la mascarade

On est resté en rade
On supporte aussi
On agrémente la vie

L’art c’est bizarre
Ca ne sert qu’à ça

Nous détourner de l’idée
Que morts tout s’arrêterait
Et même le malheur
Qu’on supporte

Finalement
Le vivre pour le raconter

Que fait-on d’autre ?

On raconte, on transpose, on allégorise, on métaphorise, finalement on bétifie
On dévie, on botte en touche, on plonge dans l’horrible réalité des choses.

On fait c’qu’on peut.

On voit le monde aller à sa perte irrévocablement, on le croit tout du moins, semblable à nous, éphémère.

Dieu n’est plus depuis longtemps, ni le consolateur, ni le recours.
Nous n’avons plus que la terre, elle toute entière et le mystère des alentours.

Le mystère s’est à nouveau enfui dans le ciel.
Nous ne pouvons y accéder.

Nous ne pouvons que l’accepter, déplacé, incontournable, tragique comme nos destins ou ridicule comme une cachoterie.

Nous sommes dans un cachot à ciel ouvert, magnifique et resplendissant des lumières et des ombres de nos nuits.

LB

mercredi 1 février 2012

A l'ombre des dieux


A l'ombre des dieux

Sont les morts 
Sans lumière
Oublie les doutes
Et brûle
Aux triomphes
Des amours




LB  remix de Str.fk.   lat.no