Finalement, on supporte le malheur, on le
mouline, on l’assaisonne, on en fait quelque chose de comestible, sinon de
digestible.
Finalement on prend de l’estomac, c’est mieux
que de mourir de faim
On prend du ventre
Et un regard qui zyeute de travers
La vie
Un peu de sel
De poivre
On en rajoute pour supporter le goût amer des
amours
Le piment masquerait mieux la mascarade
On est resté en rade
On supporte aussi
On agrémente la vie
L’art c’est bizarre
Ca ne sert qu’à ça
Nous détourner de l’idée
Que morts tout s’arrêterait
Et même le malheur
Qu’on supporte
Finalement
Le vivre pour le raconter
Que fait-on d’autre ?
On raconte, on transpose, on allégorise, on
métaphorise, finalement on bétifie
On dévie, on botte en touche, on plonge dans
l’horrible réalité des choses.
On fait c’qu’on peut.
On voit le monde aller à sa perte
irrévocablement, on le croit tout du moins, semblable à nous, éphémère.
Dieu n’est plus depuis longtemps, ni le
consolateur, ni le recours.
Nous n’avons plus que la terre, elle toute
entière et le mystère des alentours.
Le mystère s’est à nouveau enfui dans le ciel.
Nous ne pouvons y accéder.
Nous ne pouvons que l’accepter, déplacé,
incontournable, tragique comme nos destins ou ridicule comme une cachoterie.
Nous sommes dans un cachot à ciel ouvert,
magnifique et resplendissant des lumières et des ombres de nos nuits.
LB
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