Cette théorie du Lecteur,
même si, en sa concrétude virtuelle, qui déterminerait l'Ecrivain vivant de la
Twittérature est totalement inepte.
L'Oeuvre de Twittérature
est, par son principe, ouverte à tous les vents, c'est sa richesse et son
problème le plus aigu et le plus grave.
Il faut vraiment avoir
ignoré toutes les recherches sur la question du Lecteur dans la Littérature,
pour avoir pu écrire ce tissu d'âneries.
La Twittérature est Œuvre
ouverte par excellence, l'extrême de l'ouverture pour l'Œuvre, sa pointe
acérée, l'avant garde des arrière gardes.
La Twittérature s'inscrit
dans un courant qui a débuté quand Celui qui a tout annoncé a écrit son Œuvre
dans l'imaginaire de chaque Lecteur.
J’ai nommé Stéphane
Mallarmé.
Il faut envisager
"Lector in fabula" pour s'approcher des problèmes du Twittérateur
inexpérimenté, et la jeunesse du médium y réduit chacun.
La poétique de l'œuvre
ouverte, ce qu'est, nous l'avons vu, la Twittérature, va favoriser, chez le
Lecteur, des actes de liberté consciente.
Le Lecteur devient le
centre actif d'un réseau infini et élabore sa propre forme qui est par la
nature même du support toujours évanescente.
Mallarmé prévoyait
d'utiliser la magie de la combinatoire pour créer une œuvre ouverte, et la Time
Line est lieu de cette combinatoire même.
Le Twittérateur au
contraire, dans cet univers ouvert, voué aux interactions, aux combinaisons
infinies tendrait à pratiquer des fermetures.
Limites, clôtures,
frontières, bornes, grilles, barbelés, murs, murets et murailles sont dressés
pour préserver l'ordonnancement de l'œuvre.
Pour éviter le vertige de
l'infini des possibles, il faut bien un peu couper le vaste.
Car, je vous le demande,
peut-il exister une œuvre sans ordonnancement, sans présupposé d'une structure
- même si réduite au strict minimum.
Les Twittérateurs aspirent
alors à plus ou moins de clôture, à des frontières, à une peau, surface
d'échange, à un abri, pré carré, demeure.
Le Twittérateur doit
trouver les moyens de guider tous ses Lecteurs possibles dans les possibilités
infinies de l'interprétation de l'Œuvre.
Le Twittérateur balise
l'espace infiniment ouvert de la Twittérature, et naturellement, il volera au
Livre de Papier ses limites naturelles.
Le Tweet semblera une
petite prison des mots, contrainte étroite et sévère, nombre de caractères
arrêté à 140, mais l'enjambement le libère.
Le fil de l'un peut être
interrompu par le fil de l'autre, mais en l'autre lieu appelé Compte, le fil de
l'Auteur peut courir sans obstacle.
La lecture de bas en haut
de l'Œuvre est lecture de haut en bas pour chacun des minuscules éléments qui
est phrase comptée à la lettre près.
L'Auteur peut inverser le
fil et écrire en faisant de la dernière phrase d'un texte préparé hors fil, la
première envoyée au fil du Lecteur.
La numérotation précédant
l'élément avale deux caractères. Elle est un artifice indiquant au Lecteur la
marche à suivre voulue par l'Auteur.
La liste et ses vertiges
supposent des éléments à sérier par un de leurs points, forme, thème ou style,
nombre de caractères exacts comptés.
Le thème unique courant de
tweet en tweet est l'autre borne possible : marches ou pays frontalier du roman
ou de l'essai du Livre de papier.
Etc.
Ainsi, classifier les
Œuvres de Twittérature serait les repérer aux différentes clôtures imposées par
l'Auteur pour permettre sa lisibilité.
Lirina Bloom pour le Mois de la Twittérature 2012
fil rédigé en 140 caractères pile poil en hommage aux Twittérateurs fondateurs de la Twittérature qui se reconnaitront.
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