Ouvrir le mot comme une
grenade, détacher un à un ses grains roses gorgés d'eau sucrée, mâcher jusqu'à
ces pierres blanches, cracher en tas.
Ouvrir le mot comme un
abricot avant l'été, lui laisser la protection de sa peau, le séparer en deux
par la ligne fendue entre les oreillons.
Ouvrir le mot comme une
orange, fendre la peau aux alvéoles d'où giclent des jets minuscules, ôter la
cotonneuse et séparer chaque tranche.
Ouvrir le mot avec les
dents, comme le raisin qui se fend, craque et laisse couler son jus où sont
cachés des grains noirs et durs.
Ouvrir le mot comme une
pêche, péché de sucre sous la peau de velours, couleurs des chairs à nu, puis
arriver aux sillons profonds du noyau.
Ouvrir le mot comme un
livre, y lire à livre ouvert les strates du temps.
Ouvrir le mot comme une
porte, entrer dans des chambres secrètes ou illuminées de soleil, inattendues
ou familières.
Ouvrir le mot comme une
cachette, tiroir secret, secrétaire, lettres enfermées dans l'odeur du papier
jauni, clefs.
LB 23 décembre 2011
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