Le monde est un théâtre
son parterre un fleuve de sang
Après la mort de Dieu
nous tentons encore d'aller jusque là haut
très haut
comme ces enfants qui
bâtissent des tours avec des cubes
jusqu'à leur chute
Nous inventons des architectures nouvelles
des matériaux inédits
mais l'idée est la même
nous n'innovons en rien
Sauf pour les fumées
Les fumées
Elles jaunissent nos horizons
Pour les fumées nous inventons
Nous sommes à vrai dire
Des champions
Des champions de l'innovation
Parfois
Nous cherchons encore dans les livres
Les traces des beautés d’autrefois
Les claires rivières
Les océans peuplés de poissons inconnus
Les clairières
L’air transparent
Nous ne pourrions plus être romantiques
Même si nous le voulions
Nous le savons
Nous tuons la nature et nous continuons
Chacun sa goutte d’eau
Chacun son petit pas
Chacun sa part
Nos petits enfants barboteront dans les résidus chimiques
Respireront les fumées brunes
Ce ne sont pas des moisissures
Elles, étaient encore la vie
Ce sont des choses éternelles
Des choses, à notre échelle, éternelles
Des choses éternelles à l’échelle de nos vies
Déjà nous savons que nous ne pourrons pas nous en débarrasser
facilement
Ni même difficilement
Nous ne pourrons pas nous en débarrasser du tout
Jusque là, le monde était un théâtre
Son parterre un fleuve de sang
Mais, le ciel aujourd’hui
Est noir des fumées brunes.
C’est beau.
Nous inventons une autre beauté
La beauté de l’enfer
La beauté de la perte de la beauté
La beauté à l’envers
Maintenant
Les fleuves seraient jaunis et le ciel rouge sang.
octobre 2011 LB
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