jeudi 30 avril 2015

Quatrième méditation sur le LIVRE. 43 à 56

Le livre, cet objet sacré. Mais qu'est-ce que le sacré aujourd'hui ?
Le livre, cet objet démocratisé. Mais qu'est-ce que la démocratie aujourd'hui ?

Le livre a un format, un tirage, une date, un auteur, un éditeur, des lecteurs. Mais qu'est-ce qu'un lecteur aujourd'hui ?
Le livre a une couverture, une tranche, un dos, une quatrième, un titre, un auteur et un éditeur. Mais qu'est-ce qu'un éditeur aujourd'hui ?

Est-il judicieux ou tout simplement iconoclaste de réfléchir au livre sur un media de la Toile destiné à diffuser des informations brèves ?

Information brève numéro 1 : le livre est mort.
Information brève numéro 2 : le livre est toujours vivant.

Variante de l'information brève numéro 1 : la Toile a tué le livre.
Variante de l'information brève numéro 2 : la Toile redonne vie au livre et le transforme. 

Grace à la Toile, le livre vit une vie nouvelle.

Le livre s'écrit matériellement lettre par lettre mais mentalement phrase à phrase.

Une coupure de courant générale engloutirait en un instant tous nos livres de lumière comme ferait l'incendie en une bibliothèque de papier.
La perspective d'une coupure de courant générale nous contraint à imprimer, sur papier, quelques livres de lumière en guise de momification.

Les livres seraient les pyramides de notre temps, tombeaux et conservatoires de nos écrits les plus beaux.

Car les livres nous survivent presque autant que les pierres.



Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.
avril 2015. © 


mercredi 29 avril 2015

Troisième méditation sur le LIVRE. 29 à 42

La bibliothèque obéit aux Arts de la Mémoire qui lient spatialisation et mémorisation.

Le livre aussi est un espace, plus exactement un volume. Il a une épaisseur, une longueur et une largeur : le livre est un espace euclidien.
Le livre est un espace euclidien, mais pas seulement, le livre est aussi un espace mental.
Avec le livre, l'espace euclidien s'inscrit dans l'espace mental, ce qui permet de situer précisément tel ou tel élément du livre.
Mais l'espace mental du livre déborde l'espace euclidien. L'espace mental du livre communique avec l'entièreté du monde perçu.

Le tweet est-il brouillon du livre, système de contrainte, mise à l'épreuve de la phrase, ou bien assurance de la régularité de l'écriture ?

Comment transposer le livre à l'écran ?
Comment transposer les lettres de lumières en lettres d'encre ? les pages de lumière en pages d'encre ?

Se demander enfin tout ce que l'écran doit au livre.

Mais qui se soucie encore de la question du livre ?

L'écriture est sortie des pages du livre. Voilà la vérité. L'écriture erre, comme la parole, déboussolée.

L'écriture est-elle une silencieuse parole à laquelle un lecteur donne une voix ?

Le livre est-il le lieu des bruissements du sens ?

Le livre est-il le lieu du bruissement des mots ?


Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.
avril 2015. © 

mardi 28 avril 2015

Deuxième méditation sur le LIVRE. 15 à 28

Le livre met le monde à l'échelle humaine.

Faut-il trouver un nouveau mot pour designer ces livres qui s'écrivent et immédiatement se lisent en déroulant le fil des Timelines ?

L'illustration du livre par des images a-t-elle commencé par un travail autour de la lettre ? Et par enluminures, fleurons et culs de lampe.
Dans le livre, l'image n'est pas toujours simple illustration, alors elle ne vient pas redoubler le sens porté par lettres, mots et phrases.
Dans le livre, et quel que soit son support, papier, papyrus ou écran, les modalités de dialogue entre images et lettres sont innombrables.

Le livre est-il en passe de devenir un volume virtuel, un volume à imaginer dont les pages au lieu de se tourner, se déroulent et défilent ?

Le livre tient dans la main.

Le livre est-il devenu une vieille baderne ?
Parler du livre est-il complètement démodé ?

Écrire sur le Fil et rêver du Livre.

L'amour du livre survit dans les maisons éditions où on découpe et colle à la main quand aucune machine n'aurait permis de réaliser l'effet.

La ligne éditoriale est la trace subtile du désir de l'éditeur et pas un créneau entendu comme niche commerciale.


Mais l'idée du Livre s'est transposée aux écrans.

Peut-on se passer de la représentation mentale du contenu d'un livre ?




Lirina Bloom
à partir des fragments publiés et lus via Twitter.
avril 2015. © (?)

lundi 27 avril 2015

Première méditation sur le LIVRE - 1 à 14


Le livre commence avec le rêve du livre.

Plus qu'un support, le livre est une forme, avec un début et une fin. Ainsi se pose la question de commencer à écrire un livre. Et le finir.
Ainsi, le livre avec son commencement (bereshit) et sa fin (end) est métaphore du temps de nos vies, espace entre nos naissances et la mort.
Le livre demande du temps.
Penser le livre comme miroir du monde, c'est tenter de hisser nos vies aux dimensions du ciel.

Il y a le livre comme objet de papier et encre, carton, colle, ficelles ; il y a l'idée du livre avec ses lettres de lumières et ses écrans.
Extraire du livre l'idée du livre et transposer sa structure (une autre) aux écrans de lumière.

Le livre était-il le livre lorsqu'il s'écrivait aux surfaces des pierres ?
L'épopée de Gilgamesh est un livre de pierre.

Le livre reste un livre en changeant de support, c'est ce qui le fait livre.
Dans les débuts de la presse à grand tirage, des livres ont été écrits sous forme de feuilletons.
Le mot feuilleton désignait la partie basse du journal ou rez de chaussée. On occupe d'abord le "feuilleton" ou "rez-de-chaussée" du journal avec des critiques dramatiques.
Dumas, Balzac, Eugène Sue, Zola, Ponson du Terrail écrivent au rez-de-chaussée ou feuilleton des journaux des livres, romans fleuves, sagas.

Le livre découpe l'espace et le temps.


 Lirina Bloom


Mars 2015. ©