jeudi 30 mai 2013

Au loin

au loin lb©


Au loin une ligne appelée horizon la plus éloignée possible entre mer et ciel - la surface plane de l'eau la coupole du ciel et la ligne - c'est simple comme les mots de la langue - ces trois éléments suffisent à dessiner l'espace humain - cette limite - cela qu'il serait possible de parcourir - le pré carré de l'homme - au delà l'inaccessible que seules les machines peuvent atteindre - au delà le domaine des dieux - voilà - le décor est campé tout le décor de notre vie et de la mort ce disque ce plat et sa coupole et la ligne au loin le plus lointain possible pour nos corps la simplicité de nos corps démunis sur la seule flèche du temps sans issue autre que le rêve - car au delà de l'horizon commencent les rêves - et l'inaccessible néant - rêver le vide absolu - rêver l'inimaginable du vide - mais voilà - s'anime s'agite se tourmente se creuse se démonte s'emplit l'épure de notre monde, l'épure du monde simplifié par la langue - la ligne ce rêve qui unit et sépare - entre nous et l'horizon la mer se peuple de verts de gris de violets et d'écume le ciel bouillonne des orages et la lumière jaillit brise lézarde le lointain s'allume des rouges du couchant et de l'or de l'aurore et le bleu est noir des nuits parsemées et les étoiles - toute une vie à traverser - océan démonté ciel clair et pur qui accueillerait les orages mer d'huile sans un brin de vent et maelström et tornades et ouragans et zéphyrs tramontanes alizés harmattan brise sirocco accalmies - au loin la ligne appelée horizon se brouille le ciel entre dans la mer et la mer se noie aux incarnats du ciel - nous naufrageons sans cesse - la mer le ciel la ligne - au loin se brouille le lointain.


Lirina Bloom

mardi 28 mai 2013

Aux bords

Un regard appuyé au bord des paupières pénètre dans les combles vides des neurones s'incruste dans les axones et les dendrites mange la moelle de mes yeux ne laisse aucun espace emplit et comble jusqu'au désastre vierge et la rancune suave suinte hors des artères et se répand en lieu et place des mots qui coulaient comme de source. Paralysie de la pensée horreur de la présence opaque colle adhère s'insinue englue impossible de s'en défaire de faire de l'air du vent un peu de circulation un zéphyr un souffle un petit trou de respiration un tube périscope dans le navire navrant cerné de toute part par la mer naufrage dans la fange cette viscosité cette pâte cette colle cette adhérence cette glue la prégnance du souvenir de cet autre possesseur d'âme plongée de drames larmes sanglots étouffements hoquets ne plus entendre ne plus voir pousser hors de la chambre hors du lit hors d'ici pousser les souvenirs jusqu'au bord ourlure des lèvres hurlements hors la peau hors les narines parfums s'insinue se glisse progresse avance prend possession étouffe empêche arrime attache. Mains dérobées portes secrètes le ventre. Taire bouche cousue amère patience longueur de temps rage attente que ça finisse que ça s'épuise que ça cesse siffler sans bruit cesser le souffle. Au bord des paupières les regards vides des morts.



Lirina Bloom

Au train où vont les choses ...















© Lirina Bloom

lundi 20 mai 2013

Extraits épars n°3 de Stéphane Mallarmé


Une vague figure disparaissait
 complètement 
dans la glace confondue



jusqu'à ce qu'enfin, 
mes mains ôtées un moment de mes yeux où je les avais mises
pour ne pas la voir disparaitre,







 dans une épouvantable sensation d'éternité, 
elle m'apparut comme l'horreur de cette éternité.







Et quand je rouvrais les yeux 
au fond du miroir,
 je voyais le personnage d'horreur.








....il se détacha, 
de la glace absolument pure,
 comme pris dans son froid.








naufrage cela



Extraits épars 
d'Igitur ou la Folie d'Elbehnon 
Vie d'Igitur
Stéphane Mallarmé

images ©Lirina Bloom



vendredi 17 mai 2013

Extraits épars n°2 de Stéphane Mallarmé



Pour le halètement 
qui avait frôlé cet endroit



Nul soupçon n'en remontât 
le fil arachnéen




La foule de ses apparitions comprises 
à l'étoile nacrée 
de leur nébuleuse




ne vient pas 
du ventre velu 
de quelque monstre, 
effarouché


mais est celui du velours qui se réfléchit avec amour


images Lirina Bloom ©


il n'y a pas de toile arachnéenne 
mais une guipure qui tombe


Extraits épars 
d'Igitur ou la folie d'Elbehnon. 
Stéphane Mallarmé










vendredi 10 mai 2013

Extraits épars n°1 de Stéphane Mallarmé


infini stellaire rêve 





l'heure a sonné prédite   
le personnage va disparaître






plus qu'ombre et silence
jouer dans les tombeaux






le mal que je souffre affreux de vivre
dans un naufrage sans doute
cette folie existe




La lueur a heurté le doute
le personnage s'est sauvé avec un volètement
laquelle 
des deux ouvertures prendre

extraits épars d'Igitur ou la folie d'Elbehnon
Stéphane Mallarmé.




samedi 4 mai 2013

Encre, tôt ou tard.


Encre cristal pli d'ombre
Dentelle d'un lieu secret
Silences sacrés ô miroirs
Les soleils familiers ont
Glacé les ciels assombris

D'oublier le fil d'infini
Qui parcourait les pages.

          LB 

                   Petite étude de forme d'après...