mardi 28 mai 2013

Aux bords

Un regard appuyé au bord des paupières pénètre dans les combles vides des neurones s'incruste dans les axones et les dendrites mange la moelle de mes yeux ne laisse aucun espace emplit et comble jusqu'au désastre vierge et la rancune suave suinte hors des artères et se répand en lieu et place des mots qui coulaient comme de source. Paralysie de la pensée horreur de la présence opaque colle adhère s'insinue englue impossible de s'en défaire de faire de l'air du vent un peu de circulation un zéphyr un souffle un petit trou de respiration un tube périscope dans le navire navrant cerné de toute part par la mer naufrage dans la fange cette viscosité cette pâte cette colle cette adhérence cette glue la prégnance du souvenir de cet autre possesseur d'âme plongée de drames larmes sanglots étouffements hoquets ne plus entendre ne plus voir pousser hors de la chambre hors du lit hors d'ici pousser les souvenirs jusqu'au bord ourlure des lèvres hurlements hors la peau hors les narines parfums s'insinue se glisse progresse avance prend possession étouffe empêche arrime attache. Mains dérobées portes secrètes le ventre. Taire bouche cousue amère patience longueur de temps rage attente que ça finisse que ça s'épuise que ça cesse siffler sans bruit cesser le souffle. Au bord des paupières les regards vides des morts.



Lirina Bloom

4 commentaires:

  1. Ceci n'est pas un texte en " vers justifiés " .

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  2. Exact, mais il est magnifique
    Noël Bernard

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  3. ...AU BORD DES LARMES...L'ANCRE DERAPE,EN CE TEMPS FORT VARIABLE,SOMBRE NAVIRE, DERIVE SANS RIVAGE...A SECHER L'ENCRE DES MOTS,

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