A
Il est là. Le crâne
rasé. Face à ma fenêtre. Il attend dans le parc. Sans gêne. Il pense
reprendre ce passé resté en plan, quatre ans avant.
B
J'étais bardée de
barbelés. Il m'a rebranchée. Bêtement, j'ai balbutié. Dans ses bras, le
baiser a brinquebalé. Et, rebelote les blessures.
C
Ce que Casanova a
concocté : créer conditions correctes. Cacher conquêtes concomitantes.
Cracher sur sa compagne actuelle et me reconquérir.
D
Il déboule derechef
dans mon désert. Il dit que son destin m'a été dédié. Il désire redevenir
mon double, j'adore ce dandy, je dis d'accord.
E
Que cette scène se répète, et c'est l'Eden. Bercements, éther,
reflets d'encres légères, pensée, pèse-nerfs, et ce rêve de rester ensembles.
F
Finalement, j'ai
enfermé l'enfer de ta fuite en mes plus profondes fibres. Tu refais surface
entre les récifs. Et je vais refuser fermement.
G
Ce gars me regarde. Je
suis gênée. Pas mon genre. Il me dévisage. Il a grossi mais c'est sa
dégaine. Je gamberge. Je me gare. Je l'ai giflé.
H
Il me hèle dans le hall
de l'hôtel. C'était mon homme. Il a hanté huit de mes années, en me
harcelant. Je hurle qu'aujourd'hui, je le hais.
I
Il me défie de
reprendre cette idylle. Je me défile. Je ris. Cette idée fictive de lien
éternel, dis-je, ne se lit qu'en des piètres livres.
J
Subjuguée, je le suis.
Il enjolive notre jeunesse. Il la rejoue. Le grand jeu. Il me le jure... Et,
parjure, il prend ses jambes à son cou.
K
Il est karatéka et me
met KO quand je lui dis ok pour le remake. Avec son mikado, il me refait le
coup de l'amour en kit. Le cas de le dire.
L
Alléluia ! Sur son
cellulaire, il a libellé un reblabla avec violons et violoncelles, soleil et
saltarelle. J'y allai, et, ce fut l'hallali.
M
Remember. Il a été mon
premier maraud, et son amour, une flamme immortelle. Et, maintenant, il mimait
manifestement le moment des serments !
N
Non, que nenni,
n'imaginez pas de nouvelles noces. Ne niez pas, ne venez pas, vous me peinez,
mes nerfs noués. Aller à Ninive pour se noyer.
O
Ma mort est proche et je
t'exhorte. Recommençons. Amore. Amore. Amore. Revenons vers l'orée des
songes, croquons encore la pomme, follement.
P
Repeupler les pages de
nos plaisirs. Nous permettre le pire. Espérer la paix des esprits. Respirer en
ce repos, reprenant, des années après.
Q
Quinquagénaire, il se
requinque en repiquant à d'antiques conquêtes. Il débarque, et quasi le
temps d'une quête, le satané coquin rembarque.
R
Tourner en rond et
ronronner, retours répétés, revenir en arrière, réviser, bref recommencer,
redire, faire rejaillir l'amour, et, repartir.
S
Une histoire classée sans
suite. Il ressuscite le dossier. Il assaisonne la sauce et la sert. Et moi sans
souci, je le laisse m'assassiner.
T
Tapiner, toilettée,
talons, voilette violette, trottiner sur les trottoirs, et, me heurter à toi.
Ô retrouvailles ! La tête que t'as fait !
U
Il est revenu. Plus vu,
de belle lurette. Cent et cent lunes. Le rêve me surprend plus qu'une nuée de
huppes. Très peu prudente, je rechute.
V
Voyageur volage, il
revient. Rêve vivace encore. Souvenirs de nos vagabondages vespéraux. Je dis,
ah ! je veux m'évader vraiment avec vous.
W
Je le revois dans le
train de Waterloo devant les WC du wagon de première. Il semblait un cow-boy
sorti d'un western. Soudain twist again.
X
Mon ex revient de son
extravagant exil et exige de me revoir. Excessif, vexant, quand je l'expédie,
il dit que je ne suis plus du tout sexy.
Y
Il recycle des
stéréotypes en smiley : synesthésie, synchronie, synergie, sympathie... Il
essaye, et, me voilà tombée de Charybde en Scylla.
Z
Mon jazzman recompose
mezza voce le puzzle. Blizzard après mes lazzi. Zinzin, il revient de Zanzibar
pour un pizzicato. Je reste de bronze.
Lirina Bloom
140 caractères pile-poil associés à la contrainte oulipienne "coton majoritaire" qui oblige à utiliser en majorité et en allitération chacune des lettres de l'alphabet successivement.
Variantes contraintes de l'histoire suivante écrite, d'abord, librement au fil de l'eau, mais en 140 :
Un appel ou deux par an. Nous disions vouloir garder des parcelles de notre jeunesse. Et il est arrivé, en chair et en os et le désir avec.
Il est là. Trente ans sont passés. Les sillons sur ses joues. Le regard intact, et la voix. La nuit à parler. Et puis, il n'est pas reparti.
Il a apporté des fleurs et des bonbons, réglisse et tulipes blanches, comme à notre premier rendez-vous. Nous oublions le temps et la pluie.
Bravo Lirina!
RépondreSupprimerL'idée de cette série est super et sa réalisation extra de z à a et inversement ou lus en salade, au hasard.
J'ai quand même mes chouchous : fghkqz...
¦-)
Zéo Zigzags
- bravo pour le je,le jeu littéraire
RépondreSupprimer- pour le jeu des syllabes : retrouvailles sans fuir,...& puis, s'en fuir
- esperluette:un caractère et des lettres!